Ciccio, le chien qui va à l'église
Ciccio-Tommy, le chien qui va à l'église
Ciccio-Tommy, un chien berger allemand âgé de 12 ans assiste tous les jours à la messe à l’église de Santa Maria Assunta à San Donaci, dans le sud de l’Italie
« C’est un "catholique pratiquant". Récemment converti, il n’a pas manqué une seule messe depuis deux mois, lorsque son ancienne maîtresse a passé dans l’ailleurs. »
Il semble attendre son retour, avec la bénédiction du curé, arrachant des larmes à toute l’Italie
C’est typiquement le genre d’histoire sur laquelle on a envie d’en savoir davantage après l’avoir découverte dans une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP).
Elle a notamment été reprise par 20 minutes où l’œil du pendulaire ferroviaire l’a découverte, attiré par un entrefilet pas comme les autres.
Ciccio-Tommy est un chien fidèle.
Jusque-là, on est dans la banalité. «Le meilleur ami de l’homme», etc.
Le Giornale di Puglia estime : la fidélité, ça se travaille. Jusqu’à la piété.
Les animaux «ne cesseront jamais de nous étonner», dit le site Villaggio Globale.
Car «depuis la mort de sa maîtresse, il y a deux mois», ce brave animal âgé de 12 ans assiste tous les jours à la messe à l’église de Santa Maria Assunta à San Donaci, dans le sud de l’Italie «Où il attend le retour» de la dame, Maria Lochi, trop tôt disparue, à 57 ans. Chaque jour que Dieu fait, à 17 heures.
Depuis, toute l’Italie est «transportée», selon le titre de Corriere Informazione.
C’est le journal Il Messaggero qui a découvert l’existence de ce pieux berger allemand («pastore tedesco», dans le texte, "chien de Berger") qui «traverse la place centrale, où se réunissent les vieux du village, pour pénétrer dans l’église […] et s’installer» tout près de l’autel, à côté duquel il somnole gentiment.
«Avec la bénédiction du curé», Donato Panna, précise le correspondant à Brindisi du très ancien quotidien romain, qui affiche ce beau titre dans la langue de Dante: «Muore la padrona, il cane torna in chiesa.» Ne ratant pas une seule messe depuis qu’il a assisté aux funérailles de sa défunte maîtresse.
L’officiant des lieux est d’ailleurs magnanime, puisqu’il permet également à Ciccio-Tommy «d’entrer dans l’église à l’occasion des baptêmes [ou]des mariages».
Mais ce sont surtout les obsèques qui attirent ce cabot des Pouilles.
«Sauf quand il pleut trop», précise l’AFP.
« Au son du glas ou à l’arrivée d’un corbillard, Ciccio-Tommy se précipite dans l’église et suit le cercueil comme s’il attendait la résurrection de sa maîtresse.
Maintenant, c’est tout le village qui l’a adopté, lui donne à manger et le fête comme un symbole de fidélité. »
Comme un saint.
Il faut dire aussi que, par procuration, il avait le profil de l’emploi puisqu’il avait été vagabond.
« Sa maîtresse portait le nom en dialecte local de «Maria tu lu campu» – Marie des champs.»
Une sainte, elle aussi, catholique fervente qui «vivait seule avec quatre chiens errants qu’elle avait recueillis […] et les entourait de son affection.
Ciccio-Tommy était son préféré et la suivait toute la journée quand elle sortait de chez elle et allait faire les courses, l’attendant à la sortie de l’épicerie ou de la boulangerie. »
Il Messaggero raconte dans tous les détails ce que le site Today voit comme l’«extraordinaire témoignage» d’une existence quasi fusionnelle entre la défunte et ses quadrupèdes désormais orphelins, et que le site des animaux de compagnie Wamiz trouve plutôt émouvante:
« Une fidélité par-delà la mort vraiment bouleversante, même si elle n’est pas si rare chez nos compagnons à 4 pattes.»
Les citoyens de San Donaci, un village de 7000 habitants, le connaissent tous et ne l’appellent d’ailleurs pas Tommy, mais Ciccio (quelque chose comme «mon gros», ou «bouboule»), nous apprend le site Meteo Web, qui trouve cette histoire décidément «incroyable». Et qui relève aussi que le maire est bien embêté avec la procession du quadrupède: un chien de tous, c’est le chien de personne. Et on ne rigole pas avec les errants cadors.
Du lait dans son écuelle
«Ce serait donc bien si quelqu’un pouvait l’adopter», dit le prêtre à La Stampa, cela ne suffit pas que les «résidents du quartier lui donnent à manger, que le pharmacien lui prodigue des vaccins et que les quidams versent un peu de lait dans son écuelle. »
Tout le monde le sait, un chien, ça doit avoir un maître, même après «le dernier voyage» d’icelui, juge La Repubblica.
Beaucoup de médias, comme le BlogSicilia, comparent le cas de Ciccio-Tommy avec celui du héros du film H achi: A Dog’s Tale, de Lasse Hallström, avec Richard Gere (2010).
Ce chien qui, chaque matin, accompagne son maître à la gare où il prend le train, et qui, chaque soir, vient l’y attendre.
Jusqu’au jour tragique où le maître ne revient pas.
Hachi continue à l’attendre.
Il l’attend chaque jour, jusqu’à la fin.
Trop beau, non?
Merci au Site "Le Temps"
pour son article du 17 janvier 2013