Hommage à l'abbé Michel VARACHAUD

Anecdotes, pensées, événements... partagés avec le père Michel

Le mercredi 7 février 2024, 

Une famille heureuse de se retrouver !

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Ce soir là, à l'ambon, l'Abbé est droit, déterminé, sa voix porte, comme toujours. Ses jambes sont soudain solides dans sa joie d'avoir à nouveau cette conversation familière avec ses amis de la paroisse: c'est le sens du mot "homélie".

Michel nous partage son regard pastoral sur cette tranche de vie d'un prêtre, entre 1952 et 2024, avant et après Vatican 2, des temps d'abondance, 150 prêtres ordonnés en 1952 pour le diocèse, au temps des vaches maigres. 

Se plaint-il ? Non, il nous dit combien il a été heureux de cette vie !

J'ai relevé combien son engagement a touché tant d'activités, à Libourne, à Tresses-Artigues-Pompignac, dans notre secteur élargi: patronage, football, fanfare, colonies de vacances d'été et de neige, kermesses.

Voila  bien la figure d'un prêtre en sortie, d'une église ouverte sur le monde, bien avant l'appel des trois derniers papes.

J'ai également relevé la joie d'avoir appelé tant de fidèles pour rendre un service, d'avoir également appelé au diaconat.

Plus généralement, avec quel regard il nous fixait, nous les fidèles devenus des familiers, des amis bien plus que des serviteurs, nous devenus sa famille, aux fils tressés des baptêmes, mariages, communions et obsèques qu'il aimait célébrer.

C'était à Fargues-saint-Hilaire. La famille de Dieu était heureuse de se retrouver, autour de cette figure de vénérable père !

Laurent

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Un curé qui ne manque pas d'humour 
A Urt, en camp de jeunes, il chantait le refrain "ça s'en va et ça revient" dès que les toilettes ne se vidaient plus ! Et c'était souvent ... A la nuit tombée, il revêtait son immense imperméable noir, et se tenait debout, bras écartés, à nos côtés, pendant que nous faisions un sitting sur la route, histoire de braver le danger ... Cette année-là, il s'était acheté son premier jean !
Un curé facétieux.
Une anecdote que beaucoup connaissent sans doute.
Lors de l'accompagnement à Lourdes d'un groupe de paroissiens, au moment où les pélerins dans le hall de l'hôtel attendent avec leur valise que leur numéro de chambre soit donné, une envie irrépressible s'empare de notre curé facétieux.
Il s'aperçoit qu'il est tout près du tableau des clés et, à l'insu de toutes et de tous, il mélange les clés de sorte que le numéro des clés ne correspond plus aux numéros notés sur le tableau. 
Arrivé devant sa chambre, aucun pèlerin ne peut y entrer et découvre qu'il n'a pas la bonne clé ...
Il s'ensuit un capharnaüm avec le retour de tous les pèlerins à l'accueil de l'hôtel.
Cette farce réjouit encore notre abbé (avec toutefois une petite pointe de honte) chaque fois qu'il la raconte à ses convives à l'occasion d'un repas encore plusieurs dizaines d'années plus tard. 
Un curé intrépide.
Un jour notre curé va à vélo à Arcachon, achète un car, met le vélo dans le car, et revient à Libourne avec le car. Bien sûr, il n'a jamais conduit de car de sa vie  (et à l'époque il fallait faire "un double débrayage" pour changer de vitesse) et n'a pas non plus de permis pour conduire un car. 
 
Un curé "Homme Courage"
Et c'est le début d'une longue aventure :
- où il conduira les petits footballeurs de Libourne à leur match tous les dimanches (*) 
- où il conduira les enfants à des colonies de vacances à Ambialet (**),  et à des camps de neige à Gabas (deux par hiver, alors qu'il déteste la neige, et marche dans la neige avec chaque jambe dans un sac poubelle, pour surveiller sa troupe)
- où, après s'être couché tard tous les soirs pour avoir animé ou participé à des réunions avec ses paroissiens,  il se lèvera tôt tous les matins pour faire du ramassage scolaire afin de lui permettre, avec son salaire, d'élever les enfants de deux ou trois familles en très grande difficulté (pauvreté, alcoolisme des parents,  etc ...)  : 13 ou 14 enfants dont il se dira "le père", puis le grand-père de leurs enfants. Il continuera à les protéger dans leurs vies d'adultes comme ses propres enfants.
(*) c'est là où un dimanche "en ratant" son coup de pied sur un ballon il pense avoir provoqué son cancer du pied qui le conduira à une dizaine (ou plus ?) d'interventions chirurgicales pour éviter le développement du cancer. Au moment de la dernière opération qui devait le séparer de la totalité de son pied, il refuse de se faire opérer et miraculeusement le cancer s'arrête de progresser ...
(**) De très bons souvenirs vont émailler la vie de centaines et de centaines d'enfants et de jeunes adolescents tout au long de plusieurs dizaines d'années. Mais deux évènements vont assombrir cette longue et belle période de partage de valeurs fortes, d'amitiés et de jeux : une année, un enfant se perdra pendant plusieurs heures en fin d'après-midi et début de soirée au bord de la Méditerranée et il faudra alerter la police pour aider à le retrouver. Une autre année, un drame irréparable se produira : un adolescent se noiera dans le lac d'Ambialet et ce souvenir arrachera à notre curé responsable de la colonie de vacances, des larmes à chaque anniversaire de la tragédie.

Françoise et Joseph

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« J’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi ».
Michel se sent perdu dans cette immense salle des pas perdus du Tribunal de Bordeaux. Débordant de peine et de craintes, il cherche la cour d’Assises ou l’un de ses « enfants » va comparaître. Il veut être entendu comme témoin à décharge. Il connait bien ce jeune homme meurtri dès l’enfance, il
veut démontrer à la Cour que ce n’est pas possible ce qui lui est reproché. Poussé dans ses retranchements par un Procureur lourdement accusateur, il reste sans arguments et ne pourra pas éviter la lourde peine de prison.
Et Michel, surmontant la crainte de se perdre en chemin n’hésitera pas à se déplacer dans les différents lieux de détention où son « enfant » sera transféré jusqu’à ce qu’un cancer l’emporte.

Pierre